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Photo du rédacteurCarla Flotte

La schizophrénie dans Black Swan


Résumé :

Dans ce dossier nous allons nous intéresser à la Schizophrénie. Pour cela, nous allons étudier le livre intitulé Les psychoses de l’adulte, paru en 2002 pour sa première édition. Il est écrit par JeanLouis Pedinielli, ancien professeur émérite de psychologie clinique à l’université d’Aix-Marseille et psychologue clinicien et Guy Gimenez, professeur de psychologie clinique à l’université d’AixMarseille et directeur du Laboratoire de Psychopathologie Clinique : langage et subjectivité (LPCLS). Nous nous intéresserons plus particulièrement au chapitre 4 "Les Schizophrénies". Pour traiter le sujet nous mettrons cette ouvrage en relation avec le film Black Swan réalisé par Darren Aronofsky, sorti en décembre 2010 aux États-Unis et en février 2011 en France. L’actrice principale est Natalie Portman, elle interprète le rôle de Nina Sayers dont nous étudierons le cas clinique.



Sommaire :

I. Introduction à a psychose

II. Introduction à la schizophrénie

III. Anamnèse

IV. Sémiologie

A) La dissociation

B) Le délire paranoïde

C) L'autisme

V. Approche psychopathologique psychanalytique

A) Relation avec l'objet

B) Mécanisme de défense

C) Type d'angoisse

D) Le rapport au langage

V. Diagnostique différentiel

Bibliographie




Disclaimer : cet écrit a été produit lors de mes études, certaines tournures de phrases, idées ou formulation sont peut être maladroites et mériteraient réécriture, cependant je tiens à garder l’authenticité de mes écrits. Merci de votre compréhension.




I. Introduction à la psychose

Tout d’abord il faut savoir que la schizophrénie est une psychose. Le terme psychose a été introduit par Ernst von Feuchtersleben, psychiatre et philosophe autrichien, en 1845. Une psychose est un ensemble de troubles caractérisés par la perte du rapport à la réalité et des troubles de l’identité. Selon les théories et les époques, différentes définitions des psychoses apparaissent mais ces deux critères semblent être les plus descriptifs et présents dans chaque définition. Par conséquent le sujet ne se rend pas compte qu’il en est atteint et se croit dans la réalité. C’est ce qui distingue la psychose de la névrose. Il faut savoir que l’entrée dans la psychose se fait en deux temps : le premier, négatif : le patient efface l’événement traumatique et le deuxième, positif : il le remplace à travers un/des délire(s) ou une/des hallucination(s). La psychose se développe sous forme de symptômes qui peuvent être des formes de guérison car il apporte une sorte de libération pour le psychotique; certains peuvent se libérer de la douleur par d’autres mécanismes comme le passage à l’acte ou le repli sur soi.


II. Introduction à la schizophrénie

Le terme de "schizophrénie" est créée par Bleuler en 1911 et désigne un groupe de syndromes différents. La schizophrénie s'accompagne d'une perte du contact avec la réalité, de délires, ainsi que de modifications de la pensée, du langage et du comportement. Dans Les psychoses de l’adulte on retrouve la définition suivante : "Considérée comme une des psychoses les plus graves, elle se caractérise par une altération massive de la personne dont témoignent différents types de troubles, que l’on ne retrouve d’ailleurs pas chez tous les malades : troubles du contenu de pensée (idée délirantes), du cours de la pensée (relâchement des associations, passage d’un sujet à un autre sans lien logique…), de la perception (hallucinations…), des affects (affect émoussé ou inapproprié), troubles du comportement…" (Chapitre 4, Les Schizophrénies, p.70, édition Armand Colin). Ce terme est complexe car malgré son unité de caractéristiques, la schizophrénie apparaît sous diverses formes cliniques, évolue de différentes façons et possède plusieurs étiologies. Cela conduit certains auteurs à parler des schizophrénies au pluriel. La psychopathologie quand à elle différencie d’abord généralement la théorie de la schizophrénie, qu’elle oppose à la paranoïa, puis distingue plusieurs théories suivant plusieurs formes de schizophrénie.


III. Anamnèse

Nina Sayers est une jeune femme de 28 ans, de nature fragile, elle vit encore avec sa mère dans une chambre de petite fille rose et pleines de peluche, sa mère s’occupe d’elle comme une enfant, elle la borde, la déshabille avant d’aller dormir par exemple. Elle entre tout juste dans l’âge adulte. Elle est danseuse classique dans une compagnie et rêve d’obtenir le rôle de reine des cygnes dans le ballet Le lac des signes de Tchaïkovski. Ce rôle consiste à jouer à la fois le cygne blanc mais aussi le cygne noir. Thomas Leroy, le maître de ballet lui attribue le rôle du cygne blanc sans problème car il la sait parfaite pour ce rôle, de nature fragile et sensible comme le personnage. En revanche il doute de sa capacité à jouer le rôle maléfique du cygne noir et l’attribue alors à une autre danseuse moins douée mais plus sensuelle, qui semble plus adaptée pour le rôle. Il donne finalement le rôle à Nina de reine des cygnes. Nina ne cesse de s’entrainer mais comme à la crainte de Thomas elle ne parvient pas à interpréter le rôle du cygne noir, il lui conseille alors de libérer sa sensualité, en vain. Elle commence à tomber dans la folie lorsque ses entrainements deviennent omniprésents dans sa vie. La réussite de ce rôle devient obsessionnel pour Nina et elle se perd dans le double rôle du cygne noir et blanc qui sont opposés en caractère. Ce double rôle schématise également la scission identitaire de Nina, par exemple elle se partage entre pudeur puis exhibition. La pression qu’elle subit sur la réalisation de ce rôle est énorme. Après le premier entraînement devant Thomas on la voit d’ailleurs vomir au toilette, sûrement à cause du stress. De plus sa mère Erica la bride et la surprotège, ayant arrêté sa carrière de danseuse pour sa fille, elle cherche par tout les moyens à ce que Nina devienne la meilleure ballerine. De plus au studio de danse Nina voit Lily réussir le rôle du cygne noir, ce qui l’amène à ressentir un sentiment d’attirance envers elle.


IV. Sémiologie

Pour reconnaître un patient atteint d’une schizophrénie il existe une liste de symptômes appelée sémiologie. Ces symptômes ne sont pas présents de façons systématique chez tous les schizophrènes.


A) La dissociation

''La dissociation […] est la perte de l’unité de la personne dans l’ordre de la pensée, de l’affectivité, de la communication et du comportement'' (Chapitre 4, Les Schizophrénies, p.73, édition Armand Colin). Elle se repère à travers différents signes : les bizarreries, l’hermétisme, le détachement de la réalité et l’ambivalence. Dans Black Swan on retrouve les bizarreries à travers de multiples sentiments paradoxaux et illogiques qu’éprouve la jeune femme : elle passe de l’hétérosexualité à la bisexualité et de la pudeur à l’exhibition par exemple. On retrouve également un détachement de la réalité car elle se replie sur elle même. La dissociation se fait à travers 3 sphères, la sphère de la pensée, la sphère affective et la sphère corporelle. La sphère de la pensée est divisée en trois sous partie, les troubles du cours de la pensée, les troubles du langage et les troubles du système logique. Dans Black Swan on retrouve des troubles du cour de la pensée lorsque dans son bain elle voit ses doigts et le dos en sang mais ne voit pas l’instant ou elle gratte le dos, pourtant elle n’hallucine pas s’être grattée au sang car plus tard sa mère voit ses griffures dans le dos. On retrouve aussi un trouble du sytème logique avec l’apparition de pensée magique, elle voit un monstre prendre vie ainsi que des dessins parler et bouger. Elle voit aussi ses bras changer de forme et devenir des ailes de cygnes. On retrouve également la sphère affective affectée car elle est prise de pulsions sexuelles pour Lily, un soir en rentrant de boite de nuit elle hallucine que Lily la raccompagne et qu’elles ont une relation sexuelle mais le lendemain quand elle voit cette dernière au studio elle se rend compte qu’elle a tout imaginé. Elle a également des pulsions sexuelles pour Thomas lorsqu’elle l’embrasse langoureusement à la fin du premier acte lors du spectacle final alors qu’elle n’avait auparavant aucune attirance pour lui. On voit également un détachement de Nina envers sa mère, elle coupe ainsi les ponts avec la petite fille qu’elle était. On retrouve aussi de la discordance dans la sphère corporelle à travers des gestes autoagressifs lorsqu’elle se gratte le dos jusqu’au sang ou bien qu’elle s’arrache les cuticules. Elle a également des crises d’agressivité et de colère qu’elle ne maitrise pas car elle en vient à claquer la porte de sa chambre sur les doigts de sa mère sans scrupule et à plusieurs reprises jusqu’à entendre des craquements d’os, alors qu’elle aimait tant. Elle a également des gestes d’agressivité inconscient comme lorsqu’elle se rend à l’hôpital pour rendre des affaires à Beth, une ancienne danseuse de la compagnie. Elle voit cette dernière prendre sa lime à ongles et se la planter dans la visage mais quand elle sort de l’hôpital Nina se rend enfaite compte qu’elle a la lime à ongles entre ses mains pleine de sang; elle a enfaite tué Beth.


B) Le délire paranoïde

Le délire paranoïde doit être distingué du délire paranoïaque qui est le résultat de la paranoïa. Le délire paranoïde est "polymorphe […], non systématisé […], sujet à changements […] et, souvent, non congruent à l’humeur" (Chapitre 4, Les Schizophrénies, p.75, édition Armand Colin). Ainsi se développent plusieurs thèmes variés comme la jalousie, la persécution, la transformation corporelle et bien d’autres. On retrouve bien un délire paranoïde dans le personnage de Nina à travers plusieurs symptômes. Premièrement on observe un transformation corporelle sous forme d’hallucinations, à plusieurs reprises elle croit saigner autour de l’ongle alors que la seconde d’après il n’y a plus rien, elle parvient même une fois à s’arracher une cuticule et remonter tout le long de son doigts mais on se rend compte que ce n’était qu’une hallucination de sa part. Elle se voit se transformer en cygne à plusieurs reprises : elle se voit pousser un plumage, une fois dans sa chambre juste au niveau des épaules et une fois au spectacle final où ses bras entiers deviennent des plumes de cygne noirs, or du point de vue du spectateur on voit bien que ses bras sont normaux. Ses pieds deviennent palmés et ses jambes se plie à l’envers, c’est à dire vers l’intérieur contrairement aux sens de pliure des genoux humains. Également on peut parler de déformation corporelle lorsque Nina voit son reflet dans le miroir faire des gestes qu’elle ne fait pas lors de répétition au studio de danse. Deuxièmement Nina se croit persécutée par Lyli, elle croit qu’elle veut lui voler le rôle. Cette croyance mène Nina à halluciner Lily en train de séduire son maître de balais Thomas pour obtenir le rôle. Par hallucination encore, elle la voit dans sa loge lors de la pause entre l’acte I et l’acte II du spectacle final et entend des menaces de sa part. Elle se bat ensuite avec elle. Lily l’étrangle et pour se défendre Nina la poignarde avec un bris de miroir mais on se rend compte qu’elle a imaginé toute la scène et s’est en faite poignardée toute seule. Elle se sent persécutée également à travers des rires qu’elle imagine de la part des autres danseuses lors du spectacle final.


C) L’autisme

L’autisme désigne "le repli sur soi de l’adulte schizophrène. Il comporte deux aspects : 1) la perte de contact avec la réalité […] 2) la prédominance de la vie intérieure " (Chapitre 4, Les Schizophrénies, p.76, édition Armand Colin). Le personnage de Nina ne semble ainsi pas être atteint d’autisme malgré qu’elle s’éloigne de sa mère petit à petit, elle n’en est pas pour autant indifférente.


V. Approche psychopathologique psychanalytique

Le point de fixation de la schizophrénie est au stade oral, c’est à dire qu’il y a une relation de proximité avec l’autre et que la frustration n’est pas encore acquise. Dans le sujet schizophrène le Moi est morcelé. Le morcellement du Moi peut être mental, le patient perds la pensée, mais aussi physique, par exemple il ne reconnait plus une partie de son corps ou bien ne comprend pas le lien entre deux parties. Dans Black Swan elle ne reconnait plus sa peau et la remplace par des plumes. Les origines de la schizophrénie et de sa sémiologie sont multiples. Elle dépend de la relation qu’a le sujet avec l’objet, de ses mécanismes de défense, du type d’angoisse et le rapport au langage.


A) Relation avec l’objet

La relation fusionnelle qu’entretient le schizophrène avec l’objet est révélatrice du fonctionnement oral, c’est à dire que le sujet doit être proche de l’objet pour être satisfait. Pour le sujet on peut même parler de fusion car il ne se distingue pas de l’autre et croit ne faire qu’un. Cette fusion est le fruit du Moi morcelé du schizophrène qui ne lui permet pas de distinction entre externe et interne. On peut ainsi parler de symbiose car le sujet croit agir sur l’objet à travers des hallucinations comme par exemple croire déplacer un objet loin sans se déplacer parce que le sujet le pense dans son prolongement. On constate ainsi un auto-érotisme car l’autre qui le satisfait fait parti de lui même. On peut noter que l’objet est partiel car le sujet n’en prend que la partie qui le satisfait.


B) Mécanisme de défense

Dans la schizophrénie il y a trois mécanismes de défense, le clivage instable, la projection et l’identification projective. Le clivage instable se manifeste à travers la séparation entre la haine et l’amour que le sujet exerce, ainsi il ne peut les ressentir en même temps pour un même objet. La projection c’est en fait la projection de sa haine dans le monde extérieur, il l’utilise pour se libérer de ses tentions pour tenter de les résoudre de l’extérieur par la suite. L’identification projective consiste pour le sujet "de se débarrasser d’une tension […] intolérable et de la localiser à l’intérieur de l’objet […] pour le contrôler, agir sur lui, et lui nuire" (Chapitre 4, Les Schizophrénies, p.86, édition Armand Colin). On peut ainsi constater que cet effet est extrêmement pervers.


C) Type d’angoisse

L’angoisse présente dans la schizophrénie est l’angoisse de morcèlement. Elle est l’"expression de l’immense tension ressentie par le patient face aux expériences émotionnelles qu’il ne parvient pas à traiter". Elle reflète bien l’aspect morcelé du Moi. Le sujet éprouve ainsi une confusion entre son intérieur et l’extérieur, il peut voir son corps flou, ses membres se détacher, avoir une sensation de vide. Plusieurs termes sont utilisés par les auteurs pour qualifier cette angoisse : angoisse "disséquantes" primitives (Winnicott), angoisse d’inanité (Racamier), angoisse sans nom (Bion).


D) Le rapport au langage

Dans la schizophrénie le rapport au langage est bouleversé à travers plusieurs aspects. Premièrement le patient ne distingue plus le signifiant du signifié, pour lui le mot devient ainsi la chose. Ce phénomène peut mener à la toute puissance de la pensée car elle peut ainsi contrôler les objets. Ce phénomène "renvoi[e] au début de la vie psychique et au mode de fonctionnement omnipotent (tout puissant) du nourrisson" (Chapitre 4, Les Schizophrénies, p.92, édition Armand Colin). Deuxièmement le patient peut perdre le sens métaphorique des mots quand ils concernent sa personne, il prend ainsi le mot dans son sens premier comme l’exemple donné page 91 du livre Les psychoses de l’adulte d’une femme qui s’inquiète de sa grosseur à cause d’une réflexion lui disant "tu es gonflée". Ainsi de nombreux délires et hallucinations sont dus à ce phénomène.


VI. Diagnostique différentiel

La schizophrénie se découpe en six formes cliniques : paranoïde, hébéphrénique, catatonique, dysthymique, héboïdophrénique, pseudo-névrotique. Les trois premières en sont les plus courantes. Au vu des symptômes que présente Nina je peux dire qu’elle est atteinte de schizophrénie paranoïde. On peut le justifier avec la présence du délire paranoïde, de discordance et d’expériences de transformation corporelle interne et externe.


Bibliographie

- Les psychoses de l’adulte, Jean-Louis Pedinielli & Guy Gimenez, 2002

- Black Swan, Darren Aronofsky, 2010(us)-2011(fr)

- Cours Magistraux de psychologie clinique à la faculté d’Aix-Marseille, Gimenez Guy, 2017

- Travaux dirigés de psychologie clinique à la faculté d’Aix-Marseille, Besson Katia, 2017

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